À sa genèse, le mazagran s’inscrit par une date et une latitude. C’est son histoire que l’article vous conte aujourd’hui.

Tout commence durant la conquête de l’Algérie. Le 3 février 1840, quatorze mille Arabes commandés par un lieutenant d’Abd el Kader assiègent, dans le village de Mazagran, cent vingt-trois chasseurs, placés sous les ordres du capitaine Lelièvre. Les Français – tous des Berrichons – ne sont délivrés que trois jours plus tard par une colonne de secours.

Lorsque le siège fut levé, le Dey de Mazagran, en signe de paix et d’amitié, offre aux vainqueurs le traditionnel thé à la menthe. Ce dernier est alors servi dans de hautes timbales coniques en argent. Parmi les militaires invités par le Dey, se trouvait un officier originaire de Mehun-sur-Yèvre. Lorsqu’il retrouva ses foyers et qu’une fabrique de porcelaine fut créée dans sa ville, il se souvint…

Il pensa que cette timbale, réalisée en porcelaine, conviendrait très bien à la dégustation du café. Et Charles Pillivuyt la fit réaliser. Ils baptisèrent l’objet du nom de la ville où était née l’idée. Le mazagran s’impose tout de suite. Très épais, il conserve longtemps le liquide brûlant à température.

Certains mazagrans étaient aussi fabriqués en verre, pour déguster la « bistouille », mélange de café brûlant arrosé d’alcool. Les porcelainiers du Berry en fabriquèrent jusque dans les années 1920.

Mais en 1930, on ne le trouve déjà plus que dans les brocantes. François Guillaume est à l’origine de sa renaissance : il était à la recherche d’un objet original à disposer sur la table du président de la République, Albert Lebrun, lors de son passage à Bourges, en 1938.
Le mazagran redevient à la mode ! 

En 1955, grâce à Étienne- Martin Guillaume, le mazagran fait des petits : c’est l’invention de la mazette qui pouvait entrer dans les machines à café de l’époque…. Plus tard, il sera doté d’une anse bien pratique pour ne pas se brûler les doigts.

L’élégant récipient, souvent appelé topette par les gens d’ici, a été copié dans le monde entier mais, selon la formule consacrée,  jamais égalé. N’est-ce pas dans les modèles bien de chez nous, que se dégustent les meilleurs petites gouttes dans un bon café ? »

Remerciements à la Manufacture PILLIVUYT
Porcelainier Français depuis 200 ans
18500 Mehun-sur-Yèvre

Une réponse sur « Le mazagran : histoire et savoir-faire artisanal »

  1. L’histoire du mazagran, je ne connaissais pas.
    Ça revient de très loin alors !

    Merci, on apprend beaucoup sur votre blog 😀

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