Berry Au Cœur de France

Jeter un regard sur la géologie du Berry c’est évoquer la période la plus reculée de son histoire; c’est s’interroger sur sa naissance, s’intéresser à la constitution du sol qui a engendré son paysage, sa végétation. C’est encore essayer de cerner l’entité d’une contrée bien délimitée qui possède comme toile de fond des caractéristiques historiques propres à en faire un terroir différent des autres : Le centre de la France. Les voies romaines seront toujours de toute façon présentes, ainsi que César lui-même… Ave !

Heureuse de vous retrouver dans ce nouvel article rédigé pour vous !

Qu’est-ce que le Berry ? Est-ce une région, un comté ayant des « frontalières » territoriales fixées administrativement tel un canton ou un département ? Non point ! Il me semble que le Berry est localisé par la nature de son sol et ses limites sont donc géologiques, ainsi qu’historiques. Le Berry tire son nom d‘une famille Biturix dont l’influence s’étendait même au commencement de la féodalité, essentiellement sur les paroisses d’Avaricum, d’Argentomagus, pour la voie gauloise.

Les Biturix sont donc devenus icône du comté du Berry, érigeant par la suite un comté de juridiction des seigneurs du Berry. Nous leur devions les voies romaines, délimitation géographique qui semble historiquement très naturelle. Cependant, si on se réfère à l’étude géologique de notre région, on s’aperçoit que les limites du Berry sont loin de coïncider dans ce qui fait la délimitation de l’Indre, avec des communes qui laisseraient à penser que vous vous trouvez dans la Creuse où les routes romaines sont sensiblement plus nombreuses sur la totalité du Berry.

La rectitude et la surélévation d’un chemin incitent à le considérer comme une voie ancienne. Je crois aux dénominations par la tradition populaire de « Chaussée de César « , qui ne démontre pas toujours l’ancienneté d’un site : pour exemple, les très nombreux « Mont de César » n’ont jamais vu le général romain et n’ont jamais été occupés pendant l’Empire. Comme pour Gargantua, la culture populaire a voulu attribuer aux Romains ou à un personnage mythique des lieux que l’on voulait certifier très ancien, avoir toujours existé. Si ces appellations incitent à voir dans ces routes des voies d’origine romaine, , ou plus vieille, pour l’avis que j’ai, elles ne constituent pas une preuve irréfutable.

C’est Émile Chenon qui entre les deux guerres a beaucoup travaillé sur ce thème des voies romaines en Berry. Un historien qui, à son époque, a réalisé un travail utile sur le thème des voies romaines en Berry.

Il existe différentes façons d’aborder les voies romaines. La prospection aérienne qui donne des photographies les plus spectaculaires.

Les quelques itinéraires qui nous sont parvenus, les bornes milliaires découvertes çà et là, la toponymie par les noms de lieux qu’elle a laissés. Je citerais en exemple dans l’environnement immédiat de la commune d’Ardentes, l’ancienne voie romaine dite « Chaussée de César », laquelle figure sur la Table de Peutinger – dressée au 6ème siècle. La station romaine, marquée sur la grande voie de Bourges à Argenton est accompagnée de chiffres qui traduisent les distances qui la sépare de ces deux villes (31 Km d’Argenton et 62 Km de Bourges). On retrouve les traces de la voie romaine qui passait à Ardentes. Elle traverse la forêt de Châteauroux jusqu’à Villebommiers, d’où elle se dirige vers l’Indre qu’elle traverse auprès de l’église St Martin. Elle poursuit ensuite son chemin vers Blord. Ces traces sont encore visibles sous la forme d’un chemin de pierres surélevées. Une voie secondaire reliait Ardentes à Déols, sa direction se confond avec la route nationale. Ardentes est bien sur la voie romaine qui menait de Bourges à Argenton, mais est aussi sur le chemin qui menait de Tours à Chateaumeillant, pour rejoindre par le sud du Cher, les voies qui conduisaient à Lurçy, puis dans la vallée du Rhône, d’où l’on accédait à… Rome. Tous les pèlerins n’allaient pas à Compostelle, et le pèlerinage à Rome était jusqu’au XIIIe s., le plus usité. Emprunté par les pèlerins, mais aussi, bien avant, par St Martin lui-même, pour se rendre à Rome et profiter de sa pérégrination pour renverser quelques édifices dédiés aux « idoles », comme le disent plusieurs légendes auxquelles il faut bien attribuer un brin de valeurs historiques.

La Chaussée de César allant de Bourges à Drevant et Néris, laquelle s’est vue utilisée jusqu’à la fin du XVIIIe s. Celle-ci traverse la commune du nord au sud, longeant la N 140 à l’est. Elle ressurgit au lieu-dit « Le Champ de la Fin ou Domaine de la Fin« . Je peux sûrement en indexer quelques-unes, selon les sources Buhot de Kersers. Une portion encore visible sur environ deux kilomètres de la voie romaine qui reliait Avaricum à Néris-les-Bains. J’ai pu la voir sur la petite route qui relie Lissay à Lochy, sur la commune de Lissay-Lochy, juste en face le cimetière. Un peu plus au nord, elle croise la nationale actuelle – Bourges-Saint Amand – au niveau du pont de l’autoroute. Au moment de la construction de celle-ci, des fouilles importantes et fructueuses ont eu lieu sur le secteur.

La voie romaine de Tours à Bourges fait partie de celles qui sont le moins bien identifiées. De Tours à Gièvres et Chabris, il n’y a guère de problème, l’affaire se corse de Chabris à Reuilly, un secteur où elle semble perdue sur plusieurs tronçons. On la retrouve, vers Nohant en Graçay et Reuilly pour la perdre ensuite après le franchissement de la rivière.

Dans notre département, il y a un point de passage bien identifié, c’est au niveau de l’aire de repos de l’autoroute A71, entre Bourges et Vierzon. Elle est importante, car c’est l’itinéraire empruntés par les pèlerins qui se rendaient de Bourges ou de l’est du Cher vers Saint Martin de Tours. Mais c’est aussi l’un des deux itinéraires empruntés par les pèlerins qui se rendaient de Tours à Rome. J’ai bien envie de dire : il suffit de suivre les stries. Le sujet est vraiment intéressant et à relier avec celui sur St Martin de Lacs ci-dessous, pour retracer les grands itinéraires de Saint Martin en Berry.

ÉGLISE ROMANE SAINT-MARTIN – XIe
Lacs / Indre : Iconographie et vestiges mérovingiens du VIIe s.

©Eglise romane St-Martin à Lacs – Muriel Azemard.


La difficulté majeure relève de la datation de certaines voies, alors que parallèlement, des faisceaux d’indices archéologiques ont permis de tenter une chronologie auxdites voies antiques.  Vers Argentomagus, il s’est fait une recherche de principe. Aussi la plus aléatoire et la plus agréable probablement, est la promenade. En cheminant sur le tracé de ces anciennes voies de communication, par le plaisir d’une campagne authentique retrouvée, on peut y voir encore parfois quelques indices affichant concrètement l’incarnation d’un passé dans le paysage et quelque fois même d’une manière frappante :

– limite de champs
– de ponts
– de communes

Parfois, elles marquent l’environnement comme pourrait le faire un phénomène géologique naturel – une rivière ou un ruisseau.
Nos cartes routières portent de multiples mentions de oies romaines et pas uniquement pour le Berry mais pour toutes les régions. Sur quelques hectomètres ou plusieurs dizaines de kilomètres, sans qu’il soit possible de connaître les critères qui ont poussé les topographes à attribuer à des temps reculés certains chemins.

Connaissez-vous la voie romaine
jouxtant Saint-Florent-sur-Cher ?

Par le Berry Roman à Vélo, j’ai croisé cela ! Notamment par la campagne de Civray qui précède Chârost, dont je me suis exprimée à plusieurs reprises.

©Entrée Voie romaine à Civray – Muriel Azemard.

Les routes bitumées de notre époque font oublier les anciennes charrettes qui labouraient ces anciennes chaussées de César. Qui plus est, ces voies transformèrent le tracé, selon la situation économique des agglomérations, la plus connue est certainement Bourges. Mais les voies peuvent aussi changer de tracé selon le succès ou l’oubli de certains sanctuaires, pour exemple, par la construction d’un pont dans l’environnement immédiat d’une voie antique. Il y a une ancienne Chaussée de César/voie romaine à Vouillon : celle-ci coupe deux champs immenses, voie droite. J’y suis passée pour joindre Bommiers et la Collégiale de Levroux, puis la Champagne Dorée

Au XIXe s., toutes ces voies romaines témoignent pour les historiens de la suprématie de l’organisation de l’Empire romain. Les auteurs antiques ne semblent pas les tenir en si haute estime, comme si le réseau routier représentait une chose inhérente à l’Empire. Le plus souvent, ils en parlent pour se plaindre de leur inconfort et de leur mauvais état.

©Chaussée de César : Voie romaine à Vouillon – Muriel Azemard.

Le temps passant, il m’arrive encore lors de randonnées à vélo, de passer à proximité de l’une ou l’autre de ces voies berrichonnes.
Je parcours aussi avec grand plaisir quelques courriels qui me sont adressé et rejoignant, à ce propos, les sympathiques témoignage d’internautes que je remercie chaleureusement.

Un sympathique lecteur parcourant mon site, m’a signalé antérieurement quelques tronçons de la voie romaine d’Avaricum à Sancoins, sur la commune de Vornay. En fait, la voie romaine traverse la commune côté sud-ouest. Il y a bien longtemps que les armées de César ne traversent plus le charmant village de Vornay, lequel situé dans la Champagne berrichonne du Cher.

Merci à vous qui portez de l’intérêt à mes articles et qui vous intéressez, peut-être aussi, aux voies romaines qui traversent le Berry.
N’hésitez donc pas à rédiger un commentaire.

6 réponses sur « Berry Voies Romaines & Axe de communication »

  1. On apprend toujours près d’une voie romaine, mais surtout su ce site du Berry et son patrimoine. Franchement, un très grand merci, Muriel, passionnante !

    J’aime

  2. Bonjour Muriel

    Abonné à votre site, je suis très content de recevoir un avis de nouvel article de Berry Au Coeur de France. Je viens de découvrir votre sujet voies romaines du Berry. Résidant un peu plus bas qu’à Noirlac, Bruère-Allichamps, je m’intéresse depuis deux ans aux voies romaines, merci beaucoup et bravo pour vos sites!

    J’aime

  3. Je connais celle à Bruère Allichamps, d’après les informations dont je dispose, cette voie semble intéressante.

    J’aime

  4. L’archéologue Alexis Luberne cite une voie antique datant du début du 1er siècle avant notre ère, en énumérant ses trouvaille faites lors des fouilles de la rocade nord-est de Bourges;-)

    Bel article Muriel !
    Bonne journée.

    J’aime

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s