Mon regard se porte vers cet escalier qui descend. J’y vais, prête à franchir la porte pour découvrir sous la surface de l’église le cœur de ce magnifique lieu monastique. En fait, je la découvris en trois temps. La première fois à la nuit tombée, assistant aux homélies des moines ce 4 février. Imaginez les voix chantantes et s’élevant, traversant au creux d’un silence le plus absolu, la pierre de Saint-Benoît.

La seconde descente à la crypte se fait en matinée du lendemain. Le fait qu’il n’y avait personne autre que moi, cela me permit de m’attarder davantage devant le lieu des reliques. Aussi et après, pouvoir connoter ma visite aux prospections telluriques que j’envisageais (ce que j’évoque sommairement quelques lignes plus haut). À la nuit tombée, j’empruntais à nouveau la descente pour assister au dernier office.

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L’architecte solaire, le Soleil lui-même nous invite par ici, autant que nous voulions descendre pour nous immerger dans la pénombre, nos profondeurs, nos choix identitaires, afin d’élever notre conscience vers ce qui nous est caché mais cosmologique. Une fois que nous aurons franchi le seuil, ce passage initiatique à « décrypter » si je puis dire comme ceci, nous remonterons alors de l’ombre à la Lumière. Une crypte, érigée de ses quatre colonnes accueillant en leur centre le point d’ancrage du cœur (la crypte se trouve sous le chœur) de l’être réalisé par sa nature spirituelle et par la symbolique sacrée se rapportant au chiffre « 5 V » que nous pouvons visualiser ainsi :

lÉtoile à 5 branches, géométrie sacrée, dont sa forme émettrice renvoie à une dimension spirituelle, au Christ solaire.
Je suis toujours fascinée d’enter dans une crypte, que l’ombre s’approprie un temps pour en restituer la lumière par après, à des fins d’expérience inhabituelle et caractéristique. En réalité, quand on entre dans la crypte, on entre dans la lumière. Doublement intéressante est celle à Saint-Benoît-sur-Loire, elle abrite des reliques de celui qui fit l’histoire des lieux. Pour le christianisme, les reliques se réfèrent aux restes d’un saint homme, aux biens, les objets lui ayant appartenu de son vivant.

En 930, l’abbaye fut offerte par le comte Elisern, d’accord avec le roi Raoul, à Odon, abbé de Cluny. Odon était tourangeau et avait reçu une formation complète à Saint-Martin de Tours, où il avait d’abord été chanoine. Puis il est entré au monastère de Baume, dans le Jura, ensuite devenu abbé de la jeune fondation de Cluny en 927. Il est remarquable qu’il n’introduisit pas à Fleury les usages de l’abbaye bourguignonne, par contre, garda les coutumes locales avec leurs particularités plus anciennes, qui rattachent Fleury au monachisme carolingien. En fait, il restaura le temporel et fit confirmer les droits et immunités par le Pape Léon VII.

L’œuvre d’Odon fut continuée par ses successeurs et les résultats se firent rapidement sentir, portant le monastère au plus haut degré de sa prospérité et de son influence spirituelle. Parmi les successeurs de saint Odon, deux particulièrement bien connus, soit saint Abbon originaire d’une famille d’Orléans, et l’évêque Gauzlin.

La crypte de Saint-Benoît

Lors du premier chantier fut jeté bas la partie orientale de la première église Sainte-Marie, pour creuser la crypte (actuelle) et y édifier le sanctuaire de la future église. La conception initiale rencontra quelques soucis techniques, par rapport à ses dimensions, et d’autres difficiles, pour lancer la voûte, l’une des plus larges et des plus hautes de l’époque. Il fallait aussi beaucoup d’argent pour une telle construction et il fit appel au concours des pèlerins et des habitants de la région. Dans un premier temps, le chantier fut arrêté vers 1055, faute d’apport financier. Le maître d’œuvre Gillebert alla avec quelques frères, emmenant les reliques de Saint-Benoît, afin de solliciter la générosité des populations. Et c’est ainsi qu’a travers tout l’Orléanais, il y eut des ostensions de reliques, ainsi que prédications destinées à recueillir les fonds nécessaires à poursuivre le chantier stoppé.

En 1095, les voûtes ne devaient pas encore être montées. C’est pendant cette même année que se déclara dans la nuit de Pâques le sinistre, l’incendie du bourg de Fleury. Les reliques furent mises en sûreté aussitôt dans la salle des archives qui voûtée, épargna des flammes les trésors de la basilique.

Construite entre 1060-1108, est érigée de façon circulaire, comportant des piliers trapus et reliés par des arcs en plein cintre. La liaison avec l’église supérieure est fortement soulignée de neuf ouvertures percées dans le mur qui la sépare de l’église et par lesquelles étaient vénérées les reliques. La chasse médiévale a malheureusement disparue, mais le pilier monumental (sur photo) qui la contenait est parvenus sans modifications essentielles. Il centre l’édifice sur le corps de Saint-Benoît, pierre de fondation de tout le monument qui repose et converge vers lui.

Le 21 mars 1108, furent consacrés les deux autels du nouveau chœur dédiés : le premier à la Vierge, et le second, à Saint-Benoît, au-dessus de la crypte. Malgré le décès de l’abbé Simon quelques jours auparavant, ce fut une grande journée de fête.

Le double déambulatoire et les voûtes en plein cintre reposent sur d’imposantes colonnes. Double déambulatoire qui dans un mouvement qui s’élargit vers l’extérieur, accentue le rayonnement exceptionnelle de cette crypte. En son centre se détache des autres piliers celui massif et creux recevant la châsse d’où reposent désormais les reliques du fondateur, le Père des moines de Fleury. Du présentoir placé à proximité de la châsse, j’y parcouru ceci :

« Après des études à Rome, Saint-Benoît devint ermite. Il a ensuite fondé pour ses disciples le monastère de Subiaco, puis celui du Mont-Cassin où il est mort vers 547. Il a écrit une règle des moines où la doctrine spirituelle est traduite dans le concret, conduisant son disciple jusqu’à la perfection de l’Évangile, avec une joyeuse confiance en la puissance de la grâce.
Vers l’an 700, des moines du monastère de Fleury rapportèrent les restes du saint dans leur monastère, qui prit alors le nom de Saint-Benoît-sur-Loire. Depuis cette époque, les reliques ont toujours été vénérées en cette basilique construite pour les recevoir »

L’église abbatiale est classée MH, châsse et reliques du VIIe siècles – liste 1840.
Inscrite au Patrimoine de l’Humanité pour l’UNESCO.

De l’ombre à la lumière

Dans notre feu d’être, nous sommes plongé dans le silence le plus absolu et nous observons ce qui nous entour, nous percevons, ressentons (ou pas). Après avoir effectuée une initiatique descente au plus profond du chœur, nous remontons, nous nous élevons spirituellement, graduellement et par niveaux, selon la symbolique des marches.

Au milieu de plusieurs désastres antérieurs, l’abbaye aurait pu disparaître, comme tant d’autres anciennes abbayes. Le monastère eut la chance, à partir du premier tiers du Xe s, de compter une succession de grands abbés pendant plus de cent ans. Par leur sage administration, leur valeur intellectuelle, leurs vertus religieuses et leur sainteté, ils surent relayer l’abbaye et en faire un lieu de travail et de culture, un foyer rayonnant de vie spirituelle – saint Odon

Au terme de la visite

Au 5 février , où traversant le chœur (éclairé alors que les autres parties de l’église sont plongées dans la pénombre), ressortant à l’extérieur, je voyageais au clair de lune, naviguant avec les étoiles, répondant à l’appel après avoir trouvé la quiétude d’un sanctuaire. Et quel sanctuaire ! Aussitôt après avoir passé la tour-porche depuis le parvis, je leva les yeux vers le ciel : la Lune qui s’approchait peu à peu de l’étoile Aldébaran (au Sud-Est par rapport à la porte du ciel – la tour), commença à passer, à plus de 22 heures à ma montre, devant un amas d’étoiles (les Pléiades). L’astre lunaire du 5 se trouvait dans la constellation du Taureau.

C’est toujours pour moi un très joli rendez-vous que d’observer en voyageant. Puis je regagnais l’hôtel tout à côté de la basilique, ce qui me permit les va-et-vient entre le sanctuaire et mon hébergement et de son restaurant.

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7 réponses sur « La crypte »

  1. Bonjour Muriel

    Je suis allé faire un tour sur ton Facebook avant midi, ce que je lis en ce moment dans tes publications et puis tes partages, très intéressant et beau aussi.

    Gros bisous amie et à très vite quand tu ne seras pas dans ton jardin. Telephone 2 fois et pas de réponses.

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  2. Bonjour Muriel, je viens de découvrir votre article de la crypte avec beaucoup d’intérêt comme tous les autres sur votre site.
    Merci beaucoup à vous !

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    1. Bonsoir Jean-Marc, soyez le bienvenu !

      Comme la plupart des chœurs, des cryptes et sanctuaires à proximité de CT, compris par certains chapiteaux faisant office de CT également. Je développerais cela. Oui, je partage votre avis, et en celle-ci qui dans son réceptacle, à l’avantage de recueillir les reliques de St-Benoît.

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