Textes et photos © Muriel Azemard

« Jésus étant né à Bethléem de Judée… Voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem… »

Matthieu. 2,1 ___________

Après avoir proposé quelques visuels de crèches dans l’article précédent, celui-ci entièrement dévolu aux peintures murales traitant des Rois Mages, permet de vous les faire découvrir et de les visiter. Le Berry Roman est aussi tourné vers l’histoire des Rois Mages, comme en témoignent les peintures murales et détails d’architecture pour lesquels j’ai fait quelques photos qui m’amenèrent ici et là…

Retour à Brinay…

La commune abrite, ou plutôt les détails de l’église St-Aignan (début XIIe) une scène de Rois Mages. Déambulation depuis le chœur, pour vous partager cela.

Ici, on voit au plan supérieur à gauche, l’Arrivée des Mages sur leurs chevaux. Puis, après avoir offerts leurs présents à l’Enfant Jésus de Bethléem, les trois personnages voulurent rentrer chez eux, là-bas en Orient. Cependant, on leur conseilla de ne pas retourner chez eux par le même trajet qu’ils prirent pour arriver : « Suivons toujours l’étoile, dirent-ils, elle nous guidera à nouveau« . Leurs noms, allant du plus âgé au plus jeune, sont évoqués dans l’Évangile apocryphe arménien de l’Enfance (vers le VIe s.). Ils sont coiffés chacun d’une couronne et l’on distingue sur celles-ci des pierres précieuses. Les différents niveaux de la scène sont mis en valeur avec seulement trois tons d’ocre : ocre jaune, ocre rouge et blanc. Sur cette photo publiée, j’ai mis une légère accolade appelant ce vert si particulier et à la fois merveilleux que nous ne trouvons qu’à Brinay. Quant au « mouvement », ou plutôt l’effet de celui-ci, il se trouve accentué via trois larges bandes, dont l’une est le vert-bleu que je trouve absolument subliminal.

Résumé. L’art roman riche de symbolisme ici, exprime l’essentiel. L’approche des Mages enseignée depuis Brinay, est en fait compris dans un cycle complet de la vie de Jésus. Puisque du chœur, nous contemplons de l’Annonciation à la Nativité, via la Vierge en dormition (couchée), puis l’Épiphanie par le voyage des Mages, un superbe ensemble peint. Son traitement, par les motifs décoratifs semble encadrer globalement la scène, s’inspire du style ottonien du XI e s.

Église romane St-Cyr Rois chevaliers munis de lances

Je présente à mes amis et internautes une fresque qui démontre d’une ferveur du Berry pour ses Rois Mages. Ici, je me trouve à Vesdun, commune du Cher, entre Lignières et Châteauroux. J’ai fait les photos tranquillement, sur les trois personnages arrivant de leur voyage jusqu’à Jérusalem.

Vous remarquerez ci-dessous, dans cette première scène, le personnage central légèrement en retrait par rapport aux deux autres qui l’encadrent. Le personnage que l’on distingue en partie, à droite, correspond à la seconde scène : l’Adoration des Mages.

Résumé. Comme à Tours, les Rois Mages évoquent des chevaliers. Le premier mage s’est agenouillé devant l’enfant et sa mère. Les deux autres s’apprêtent à présenter des offrandes, telles encens et myrrhe.

Vive les Rois ! Les Rois Mages sont bien vivants en Berry mais pas seulement – ils interviennent aussi sur mon autre blog. Si vous souhaitez voir, bienvenue aussi là-bas ! Quoi qu’il en soit, chacun de mes passages proposé sur cette page sera décrit aux reportages-églises s’y rapportant.

Je suis retourné dans l’Indre fin été 2019, pour vous faire découvrir aussi l’arrivée des Rois Mages. J’entrais dans l’église romane Saint-Martin de Vic, puis à Gargilesse, entre autre (toujours ouvertes) pour notamment revoir, contempler à nouveau les magnifiques ensembles peints et vous partager ces visuels par un article. Bien satisfaite de mes retours et des nombreux échanges tissés depuis.

Très belle Nativité ! Vous la verrez sur le deuxième registre, à gauche. Remarquez d’emblée l’arrivée des Mages, un grand mouvement insufflé, une arrivée quasi au galop. D’autant plus qu’ici, l’artiste a fait sortir du cadre les pattes des chevaux, pour inscrire davantage encore la fulgurance de l’événement, l’empressement. Vous me direz dans les commentaires. Vous me direz peut-être aussi ce qui ne vous aura pas échappé de ma photo (indice : le manque de place). On le comprend pour un tas d’autres choses aussi, chaque détail à son importance, est significatif et se raconte : le voyage des trois hommes, suivi de l’Adoration. Caché par un badigeon, l’ensemble des remarquables peintures murales a été découvert à partir de 1849.

Cette visite la voici ! Je vous ai emmenés dans mes reportages précédents, pour vous montrer ce qu’a été mon parcours vers les Rois Mages en Berry. J’entre aujourd’hui avec vous à Notre-Dame de Gargilesse, où je photographiais les trésors de cet édifice du XIIe siècle, ils terminent mon périple.

Entrez dans une superbe église romane de l’Indre, où, à trois pas d’ici, se conclue la frontière propre au Berry, et imaginez ! Sous vos pieds, vous voici fouler le cœur initiatique d’un remarquable édifice. Presque intime m’apparut celui-ci.

Ses peintures, bien ancrées par le temps pour tout visiteur, illustrent les trois Mages couronnés. Nous retrouvons l’un des trois, désignant de l’index l’étoile à son proche ami. Face à vous, se trouve l’une des plus jolies romanes berrichonnes en termes de peintures murales qui attendra votre déambulation au gré d’un parcours pictural magnifique. Allez jusqu’à la crypte et contemplez ce visuel, il reprend l’Adoration des Mages, la présentation des offrandes faites à l’Enfant. Dans cet article, je ne m’étendrais que sur le thème des Rois Mages, alors que je vous en fais découvrir davantage, selon tel et tel édifice roman en Berry.

Saint-Nicolas, le passeur…

L’église romane est située sur la commune de Lourouer-St-Laurent, dans l’Indre. Absence des Mages, mais c’est ici que je me trouvais, lorsque je photographiais, entre autre, St-Nicolas, évêque de Myra, sauvant du saloir trois jeunes enfants. Un miracle ! Le chiffre « 3 » est cosmique, important dans l’archéologie sacrée et selon, aussi, les textes sacrés. Il s’agit du rappel symbolique de la Trinité : un seul Dieu en trois personnes. Je reviens donc vers St-Nicolas de Lourouer, qui démontre à quel point sa représentation est récurrente dans la vie du saint.

Fêté le 6 décembre, saint patron des enfants ainsi que de la Lorraine, il naît vers 260 à Patare, ville de Lycie, en Asie Mineure.

Peinture plus abîmée et pas trop éclairée, je n’ai pas pu faire mieux du traitement de la photo que je fis. On distingue toutefois les trois enfants délivrés par le bras droit de leur sauveur. Cette partie peinte située dans l’angle gauche de l’arc, est assez passée, mais le bras droit et protecteur du saint, ouvrant le couvercle du saloir, ne permet aucune ambiguïté quant à la scène qui via tout le Berry roman que j’ai approché, ne se poursuit nulle part ailleurs qu’ici, lors de la tristement célèbre complainte des enfants placés dans un saloir de boucher.

Thème : Fresques & Peintures murales

18 réponses sur « Visite des Mages »

  1. Muriel avez-vous réussie à les faire descendre de leur chevauchée fantastique ?
    Moi non! Je suis ressorti de l’église de Brinay sans ces mages devenus rois à la fin du 12 ème siècle.

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  2. Bonjour Muriel.

    Ou est-ce que je peux retrouver cette fresque?
    J’y ai vu saint Nicolas et hier était le 6 décembre.

    Merci d’avance de me répondre.

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  3. J’aime beaucoup ce que vous montrez, ne changez rien Muriel.

    Tres belles églises et peintures appliquées aux rois mages. Les deux images que vous montrez pour Vesdun, semblent avoir été deux peintures travaillées par un même esprit. D’une scène à l’autre l’artiste semble avoir reproduit une étape de la première peinture pour donner la seconde.

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    1. Merci Michel 😉

      Bien vu ! Les deux peintures se suivent, sont traitées pareillement, cela se voit et se comprend bien. À observer ma seconde photo, l’artiste à bel et bien reproduit le Mage qui est le plus proche du cheval, puis l’a reporté cette fois devant le cheval (ma première photo). Deux ensembles traités simultanément.

      Amis, allez voir aussi sur mon autre blog, le reportage que je fis à propos des Rois Mages présentés à Tours : traités également comme « chevaliers »

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  4. Bonsoir a tous, content de me joindre aux commentaires.

    Muriel, c’est que nous ne voyons pas bien la globalité du personnage, on la devine cependant. Les fresques de Vesdun, c’est la première fois que je les découvre et par ce très joli site. Merci beaucoup. J’en visitais cet été en Auvergne et je connais bien celles de Chalivoy Milon où il n’y a pas de rois mages.

    Vesdun qui me semble bien plus modeste en peintures si je compare a ce que nous découvrons à Chalivoy ma commune. Pourtant les mages ne sont pas trouvables dans l’église de saint Eloi.

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    1. Romain, il s’agit en réalité d’une seule et même fresque traitée. Pour une question de commodité de présentation, j’ai scindé la photo en deux, ladite fresque s’observe d’un seul tenant.

      Cela ne change pas le fait que l’artiste aie, sur la même fresque, représenté l’arrivée & l’adoration des Mages. J’espère que cela te soit à présent compréhensible, quant au pourquoi et au comment. Au centre de la scène fait donc office de deux lectures différentes, à lire l’une après l’autre.

      PS : si le lien t’a échappé, regarde par ici
      https://berry-aucoeurdefrance.com/berry-roman-et-fresques/

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  5. Pour ma part je suis un peu surpris que le traitement soit en majeure partie le brun foncé pour l’église de Vesdun, à part cette petite pièce verte qui surgit de je ne sais où, elle est la seule dans l’ensemble à être.

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  6. Coucou Muriel!

    Magnifiques ces fresques que tu mets à l’honneur avec ces belles photos. Fresques très bien conservées et superbes publications.

    Bonne semaine.
    Bisous!

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  7. Bonjour tous.

    Mes fresques préférées sont celles que j’ai vu cet été à Nohant Vic, je les trouve incroyablement belles celles-ci. Pour une fois, il manque un roi mage et l’histoire ne part pas de la crèche. L’enfant est sur les genoux de sa mère, il porte sur la tête le nimbe. Merveilleuses fresques.

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    1. J’ai eu le plaisir de te lire, Benoît. Effectivement, tu as remarqué l’absence du troisième Mage, et pas seulement.

      J’ai beaucoup aimé ce que j’ai photographié ici. Déjà, que voyons-nous, que percevons-nous ? Une étoile qui surplombe, s’est presque positionnée au-dessus de la tête de Jésus. Puis, pourquoi cette étoile à huit branches, que signifie-telle du côté du symbolisme ? On a besoin de connaître, d’autant que je n’ai pas rencontré d’autres étoiles à huit branches, d’équivalent ailleurs en Berry roman, qu’ici à Vic.

      Biensûr, on va y voir en tout premier lieu l’étoile qui a guidée les Rois Mages. Ensuite, elle traduit un passage initiatique, d’une vie à l’autre, elle « prédit » en quelque sorte un futur dans la vie de l’enfant. Ce qui est accentué d’ailleurs par le visuel d’un nimbe, comme tu as remarqué. Ici, il traduit le caractère de « souffrance » par le Mystère de la Réincarnation (autour de Pâques – Passion, etc.), parce que ce que nous voyons là, c’est un nimbe crucifère nous rappelant la croix du Christ, le passage des ténèbres à celui de la lumière, à une re-naissance s’en suivant. On imagine bien qu’ici, une profondeur du message a été mis en évidence par l’artiste, il s’agit d’une étoile annonciatrice, révélatrice, tel serait par exemple le principe du passage d’une comète…

      Sinon, qu’est-ce qu’on voit d’autre dans les détails ? En faisant suivre de gauche à droite notre observation quant à cette sublime peinture, c’est l’un des personnages montrant aux deux autres l’étoile. Ensuite, c’est la présentation des offrandes devant l’Enfant-Jésus qui, dans un geste de bénédiction, accueille les trois voyageurs venus d’Orient. Puis sa mère qui dans l’expression des traits, montre le caractère attendrissant, quant au déroulement général de la scène, et tout ce que nous en percevons. Magnifique !

      Merci pour vos appréciations et vos connexions croissantes sur Berry Au Cœur de France. En effet il y a plein de jolies choses que je veux et vais partager avec vous. Pointant vers mes reportages du patrimoine religieux et bien d’autres encore…

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  8. Nous sommes venu avant le 15 août découvrir Nohant Vic. L’intérieur de l’église et le chœur, merveilleux!
    Nous avons vu tous les plans peints, se sont, comme une personne précédente a dit, l’église que nous avons franchement aimé visiter, Muriel.
    Vos photos sont magnifiques, on s’y croirait encore. Bravo pour vos reportage, on aime cette découverte remarquable du Berry. Ne changez rien d’ailleurs.

    Nohant est magnifique et la couleur fait bien ressortir cette remarquable subtilité des rois mages, par exemple. Nous avons hâte de découvrir les photos que vous voulez ajouter aux peintures, nous apprécions beaucoup.

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  9. Comme les rois mages en Galilée,
    Suivaient des yeux l’étoile du berger.

    Franchement c’est beau, c’est bien respecté et instructif. Pointu du pointu, Mumu, tout ce que tu aimes ☀️😇 et nous aussi !

    Mille bisous de notre part en t’attendant.

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  10. C’est un superbe article Muriel. Pour nous, Noël a toujours été la fête de la Nativité. Superbes vos photos, nous avons passé sur votre site un excellent bon moment de découverte. Vous savez accueillir et nous reviendrons vous lire avec plaisir, beaucoup!

    Belles fêtes de la Nativité de notre part, à vos proches, à vos amis.
    De Mehun-sur-Yèvre

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  11. Pour avoir découvert Brinay l’an dernier, nous venions de Lille et partions en Corrèze, mais nous voulions passer en Berry Roman par un détour à partir de la ville de Saint Florent sur Cher.

    Si beau village d’une merveilleuse petite église avec ses fresques, quelle beauté! Nous espérons un jour pouvoir y revenir.
    Merci pour ce magnifique et complet article, Muriel.

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  12. Bonjour a tous

    Je souhaite passer ce message au sujet du thème des apocryphes que vous publiez par répondant aux rois mages.

    L’ambiance, le style est franchement bien choisi par votre article. La naissance de Jésus est sûrement l’une des scènes bibliques les plus célèbres : à l’approche de Noël, vitrines et foyers se parent de crèches miniatures où l’enfant, Marie, Joseph, les bergers, les animaux, sans oublier les célèbres mages guidés par les astres jusqu’à Bethléem.

    Ce que des personnes ne savent pas en revanche c’est que l’identité des hommes mages n’est mentionnée nulle part dans la Bible. Sans le savoir, ils ont déjà franchi les frontières du domaine biblique. Bienvenue en territoire apocryphe ..

    A la même époque l’année, alors sue les chrétiens s’apprêtent à fêter Noël, les juifs célèbrent eux la fête de Hanoukka.

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  13. C’est un très bel article Muriel.

    Bonne fête des rois mages à vous, à tout un chacun. Vos clichés sont magnifiques et rendent bien sûr ce site de patrimoine.

    Passez de bonnes fêtes.

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