Les charbonniers n’ont plus vraiment la foi que leur prête le proverbe populaire. Il faut le comprendre : ils ne sont pas légion dans le Berry et sur la France, à fournir le charbon de bois si cher au cœur de vos barbecue, alors que les charbonniers ont durant un temps infini, chauffé et alimenté les forges régionales quand par exemple, la métallurgie de Vierzon était florissante de son époque. On les rencontrait, disent les anciens, on les rencontrait partout où nous avions nos forêts de charmes, de chaînes et surtout de châtaigniers.
Le bûcheron faisait son office et les arbres débités, les charbonniers installaient leurs huttes de branchages, comme les » charbounniers de Quinçy » et qui bâtissaient leur meule , un cône de bûches d’un même bois, les » charbonnettes « . Qu’ils recouvraient de terre ou de mousse selon un rituel complexe : des braises versées au centre d’un monticule haut de 3 mètres, celui-ci consumait le bois pendant des jours et des nuits.
Imaginons cette scène : dans la pénombre le feu ronflant et des hommes autour, taciturnes et salis, torche à la main, environnés d’âcre fumée, les vêtements enduits d’une suie poisseuse, qu’aucune lessive, même dans les plus beaux moulins mis en scène par Muriel, ne parvenait à décaper. Il était vu que le blanc des yeux dans les visages noircis. Les charbonniers nommés aussi « faudeux » ou » boisseliers » attendaient que le bois soit cuit et le récoltait à l’aide d’un râteau aux longues dents, le « accot « . S’il sonnait mat, le charbon était trop cuit, à point il était bleu acier.

