Impossible pour la campagne berrichonne d’échapper à ses secrets, à ses superstitions et ses mystères les plus troublants. L’histoire du Berry s’accompagne bien souvent d’un halo de légendes, fondé ou non et l’entité Berry a sans nul doute conservée une âme superstitieuse, viscéralement attachée à ses signes, ses symboles, ses présages.
France rurale éprise de ses mystères, le Bas-Berry, celui que vous rencontrerez en Vallée Noire (c’est d’ailleurs dans cette contrée du Berry que l’écrivain George Sand fixa les scènes pittoresques de l’œuvre de « La Mare Au Diable », l’un de ses romans les plus connus et lequel s’est vu rédigé en quatre jours. Celui-ci s’est vu à Frédéric Chopin.
La Fosse au Diable : C’est cet endroit que l’écrivain baptisa « La Mare au Diable« , sur la commune de Mers-sur-Indre, près de la Motte -de-Presle, la forêt de Chanteloube.
Imaginez- vous plongé dans la trame d’une Pleine Lune envoûtante, aux abords d’un carroir (qui signifie carrefour en patois berrichon). Alors, une fois à la croisée des chemins, vous vous sentirez plutôt Pleine Lune, ou carrément Lune Noire ? Quelles influences vont avoir sur vous les Forces Célestes ? Autant de questions posées dans l’antre des pulsions, de façon plus ou moins éthérée, où le besoin de « se faire peur » peut vous conduire à la recherche du fantastique, du mystérieux, du fantasmagorique, une ambiance qui fascine, attire et angoisse tout à la fois, pratiquant à souhait l’humour noir du genre » Habiter tout proche d’un cimetière, c’est très reposant ! «
Le genre d’humour noir exercé ici devient en ce cas « politesse du désespoir » et plus précisément une sorte de conjuration de l’angoisse devenue très envahissante, avec cette composante.
Et toutes ces pratiques plus ou moins occultes, inscrites dans les grimoires du fond des âges, de traditions ancestrales, le tout soutenu par la reconnaissance d’une communauté qui valide car il y a là acceptation de mythes, une demande des pratiques occultes avec cohabitation de traditions de ruralité et du folklore. Pratiques qui d’ailleurs n’ont guère évoluées dans le paysage rural.
A propos, existe t-il vraiment, ce métier d’exorciste ?
Oui, il existe toujours, c’est souvent le prêtre, un médecin ou un psychologue qui en a la responsabilité.
Saviez-vous part exemple que chaque diocèse nomme ce qu’on appelle un exorciseur officiel ? C’est l’apanage du prêtre, mais il peut aussi s’agir du médecin de campagne. Vous voyez qu’on ne peut pas s’improviser exorciseur, celui-ci passe par le circuit dit « officiel », c’est à dire l’église, le clergé.
La transmission
– Celle qui est toujours pratiquée dans les campagnes, bien plus discrète qu’autrefois, plus ténue aussi mais toujours opérante dans la France profonde, et pas uniquement en Berry.
Cette transmission à lieue concrètement, soit par initiation orale au sein des familles, héritage transmis avec sincérité et au travers de « conjurations », « prières secrètes », « ostensions » qui viennent tout droit de la nuit des temps.
– Celle qui est apprentissage par le » voir faire », autrement dit, le visuel.
– Celle communiquée de bouche à oreille (identification des leveurs de sorts, barreux d’sorts…
D’hier à aujourd’hui
Demandez à un berrichon de la race ce qu’il pense de ces anciennes pratiques rurales ? Certains n’oseront même pas se prononcer, de crainte que le ciel leur tombe sur la tête, vrai paradoxe puisque pour conjurer le mauvais sort, il s’en remettra le plus souvent au ciel avec véhémence, lui qui se voue tour à tour à ses saints, à ses cultes, ses sanctuaires, ses mythes, croyances, sa foi du charbonnier, ses présages de paysannerie, ses superstitions le tout avec des mots à ne surtout pas prononcer. Mythe ou phases lunaires, la lune entourée d’un halo et voilà notre berrichon parti dans ses pérégrinations, son imaginaire florissant (image-in-air) jalonné de contes et légendes. Et oui, c’est aussi cela le Berry occulte, plongé dans ses regards. Heureusement qu’on a le « sang fort » ici (faire preuve de sang froid).
Par Muriel Azemard

