Le carrefour, dont le mot vient de « quadrifurcus » (quatre fourches), comporte deux, trois ou quatre chemins et ces chemins sont depuis la nuit des temps chargés de vertus magiques, parfois de maléfices selon une vue de l’esprit antérieure à l’époque berrichonne actuelle. Les Gaulois, dont le terme « petro » était l’équivalent de carrefour, vénéraient les déesses protectrices des routes » Biviac « , » Triviacs » et » Quadrivacs, en élevant des autels portant l’image de la divinité concernée. En fait, l’image de ce qui était craint, faisait peu était une façon de lutter contre cette peur, et Dieu sait si en ces temps reculés, l’homme devait se sentir vulnérable.
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L’église n’a pas toléré ce culte des idoles et détruisit beaucoup de ces monuments. Toutefois, elle ne put abolir les légendes païennes bien enracinées dans les mémoires, et les carrefours sont vite devenus des points de rencontres – bien peu maléficiés à mon sens, en vérité. Entre les vents contraires qui se heurtaient, le centre des points cardinaux qui s’y croisaient, les atmosphères inquiétantes émergeant des forêts, et parfois les crimes qui s’y déroulaient, il fallut redonner confiance aux voyageurs, et de la sorte, ces liens infréquentables furent exorcisés souvent via des chapelles. Comme chaque fois en termes d’imageries populaires, ou bien lorsque la légende nous semble plus belle que la réalité… nous avons laissé courir lesdites légendes.
Vers Nohant, c’est un croisement de chemins avec un bout de péliau. Il existe beaucoup d’autres définitions, du bout de terrain au bord d’une vigne jusqu’au renfoncement sur les bords de chemins pour faire croiser les charrettes, nos carroirs ont tous leurs propres définitions en fonction des lieux.
A la croisée des chemins, le carroir Lupneau serait un site maudit. Devant un bois de pins qui borde une haire de joncs, il s’étend sur une petite lande couverte de bruyères et de genévriers. Tous les chats noirs de la paroisse ou du voisinage se donnaient rendez-vous, paraît-il, à minuit la veille de Pâques. Suivant une antique tradition, un sorcier du voisinage à tracé sur le carroir (avec un charbon de bois de cornouiller) un grand cercle ou vont danser les chats noirs. Dès le premier coup de minuit le cercle s’enflamme et des animaux s’y précipitent. Au dernier coup de minuit la sarabande s’arrête.
Les sorciers du Carroi de Marlou. Un procès de sorcellerie en Berry, 1582-1583
(1 novembre 1998) de N. Jacques-Chaquin, M. Préaud — Broché — ISBN : 2841370437
Sous le règne de Henri III, en un peu plus de trois mois, du 21 décembre 1582 au 30 mars 1583, se déroule dans le Sancerrois un procès en sorcellerie qui s’achève par la mort sur le bûcher de cinq des accusés, cinq hommes : Marin Semellé (repris après une double tentative d’évasion), Etienne Girault, dit Gotté, Joachin Girault, dit le Bossu de La Brosse, Jehan Tabourdet, dit des Berthilles, et Jehan Cahouet, les deux derniers ayant, sans succès, interjeté appel auprès du parlement de Paris. Sixième victime de ce procès, une vieille femme, Guillemette Piron, s’est, peu après le début de son interrogatoire, étranglée dans sa prison : son corps est traîné sur une claie et brûlé. Apparaissent dans le procès du carroi de Marlou les principaux chefs d’accusation qui relèvent de la répression contre la sorcellerie démoniaque : méfaits divers, sorts jetés, et surtout rencontre avec le diable et participation au sabbat. Mais ce procès réunit aussi, à une affaire de sorcellerie démoniaque, un cas de possession : ce sont les accusations d’un enfant, Bernard Girault, qui se dit, ou qu’on diagnostique, possédé qui déclenchent le processus dont il restera le pivot. Habituellement, dans le ressort du parlement de Paris, les pièces des procès en sorcellerie n’étaient pas conservées. Ce document est donc, pour la compréhension du phénomène, un témoignage d’une telle importance que sa publication intégrale et critique était indispensable. L’accès en est facilité par une chronologie, un lexique, des index et des cartes. En outre, il était intéressant de confronter différentes lectures et interprétations auxquelles ce texte complexe peut donner lieu : les articles qui l’accompagnent, sans prétendre en épuiser les richesses, ni en résoudre tous les mystères, visent à en éclairer des aspects variés, historiques, ethnologiques, juridiques, voire littéraires.

