En chemin, vers Vorly
Thématique Patrimoine : » Croix et Calvaires »
© Berry Au Cœur de France – Muriel Azemard

À la croisée de chemins, au bout d’un champ, il n’est pas rare de rencontrer un calvaire en grès ou en fer, selon ces photographies. Au départ de cette page, partez à la découverte des chemins de croix de quelques calvaire berrichons.
En sont encore de très jolis et lorsqu’il s’agit de calvaires, cela n’est pas sans nous rappeler une croix étirée aux quatre points cardinaux.
Photographier des calvaires ou des croix, n’est pas une initiative contingente. Je vois en cela une aventure profonde. À la racine de sa symbolique, la croix fleurie toujours au centre des choses, pour leur donner un sens, une direction, voire une fin.

Celle-ci, que je photographiais dans la campagne du Grand Meaulnes
Certaines croix de carrefour ou autres sont proches de chapelles, comme par exemple à Sainte-Solange, dans le département du Cher. D’autres se dressent au vent d’une campagne, comme le cliché ci-contre. Généralement, le calvaire illustre le Christ sur la Croix, toutefois, il peut s’agir également d’une croix de chemin (croix de carrefour/ carroir en ancien parler berrichon), ou bien d’une croix de mission. Mais au cours de notre cheminement, nous pouvons y rencontrer également une croix païenne, qui parfois, surprend dans le paysage, là où on ne l’attendait plus. Une croix de l’ombre, une timide par ici ou une émouvante juste là !
La croix de pierre, la plus couramment rencontrée, semble emprunter sa puissance à la matière. Elle n’est plus cette symbolique métaphysique qui salue l’au-delà.

La croix ou le calvaire est un symbole christique exporté en Gaule à partir du Ve siècle apr. J.-C. Les croix de campagne revêtent plusieurs formes de sens, mais décrivent toujours à leur façon le passé des lieux, parfois même en récupérant d’anciens lieux de cultes païens. Le Christ n’apparaît figé sur ces croix qu’à partir du Moyen Âge.
Il n’y a pas un seul kilomètre carré de nos territoires qui ne recèle une croix dressée ou un calvaire. Fascinantes à observer et puis des éléments qui le plus souvent, posés sur le bord des routes ou même des chemins à la lisière de prés ou champs, posent chaque fois une énigme relativement à la raison de leur présence en ses lieux précis, le plus souvent esseulés, écartés de tout. Ce que peu de curieux savent, c’est que l’on peut pratiquement lire à livre ouvert le sens et les secrets que cachent ces monuments dont la présence est presque toujours révélatrice d’évènements oubliés de notre histoire, ou d’autres secrets propres aux lieux concernés. Pour s’intéresser aux croix et aux clavaires, il faut soi-même être dans les mystères. La représentation d’une simple croix pour signifier la présence du Christ en des lieux donnés et rappeler son sacrifice, probablement pour christianiser certains lieux autrefois voués aux cultes païens est, c’est peu connu, d’usage récent. La croix en elle-même est d’ailleurs un symbole bien plus ancien que la naissance du Christ.
Croix de Mission – Sury-en-Vau
Pour exemple, le Tau, figuré par la lettre » T « , était en Europe, un emblème religieux déjà en usage en Europe au temps de l’âge du bronze. L’empereur romain Constantin vit apparaître dans le ciel une croix à la veille de la bataille de Pont Milvius et d’après la légende, depuis, et après celle du Christ en personne, qu’ayant finalement gagné le combat, Constantin aurait décidé de faire du christianisme la religion officielle de l’Empire romain. Cette décision n’eut rien de brutal et n’était que la logique d’une formidable progression dans tout l’Empire romain, et la foi religieuse et son message. Auparavant, les chrétiens utilisaient dans le même sens différents symboles rappelant vaguement la croix et quelques souvenirs du christianisme, comme le timon de char, lequel en forme de croix ; le pélican, la colombe de la paix, le cep de vigne, le poisson (ère du christianisme par excellence), le berger ou l’agneau.
Il faudra cependant attendre le VIe siècle de notre ère, la profonde évangélisation des Gaules, pour y voir apparaître la croix dans les cultes publics, son usage comme symbole étant longtemps resté privé. Et c’est alors qu’apparurent les premières croix monumentales, ornées ou non d’un Christ et souvent posées sur des socles (mission comprise ou pas). C’est cependant au XVe siècle que croix et calvaires virent leur floraison dans toute la Gaule, avec par la suite apparition des premières croix de fer forgé, pour remplacer la pierre aux XVII et XVIIIe siècles. En France, les guerres de Religion détruisirent beaucoup de croix et calvaires, mais pas aussi systématiquement que ce fut le cas sous la Révolution. Car sous la Révolution, ces croix et calvaires s’élançaient par dizaine de milliers, eurent considérablement à souffrir. Ce, à cause du décret du 23 frimaire an II (13 décembre 1793) ordonnant la destruction de tout symbole chrétien.
À qui n’est-il pas arrivé à ceux qui lisent ces lignes, de rencontrer un jour ces croix ou ces calvaires dans les recoins les plus désolés, au bord d’un champ ou le long d’un chemin, et de se demander ce qui avait bien pu pousser l’homme en des endroits aussi abandonnés . Les raisons sont très variées. Des sources autrefois sacrées pour les païens furent ainsi la force christianisée par l’érection à leurs abords de croix et calvaires, comme les menhirs, objets aussi de croyances ancestrales, ou les rochers et arbres remarquables.
En construisant autour de ces nouvelles croix des lieux de culte en plein air dédiés à quelque évangélisateur local éradicateur des anciennes croyances païennes, on récupérait ainsi ces cultes ancestraux. C’est pour cette raison que bien des croix ou calvaires plantés dans les champs, les prés, ou sur les bords des chemins et routes, marquent et rappellent à qui sait lire leurs secrets les emplacements d’anciens lieux où les gens se livraient encore à des cultes ou rituels purement païens. Dès lors, croix et calvaires isolés trahissent l’existence en ces lieux de sites archéologiques souvent inconnus, certains calvaires et certaines croix ayant même été élevés sur des emplacements connus d’anciens temples gallo romains, lieux celtiques. Certaines voies romaines étaient protégées pour les pèlerins, certes voies même très secondaires, comme des chemins conduisant aux grandes routes de pèlerinage. C’est aussi la raison pour laquelle le pèlerin en route vers St-Jacques depuis le Berry, laisse trace de son périple sur nos églises romanes en majorité.

Photographiée dans la campagne de Chârost
Les raisons ayant provoqué des élévations de croix et calvaires sont pour tracer les voies de pèlerinage, pour le désir d’honorer les morts. Les secrets des croix et calvaires, moins directs que les précédentes causes évoquées, sont souvent de nature à expliquer pourquoi tel ou tel calvaire ou telle ou telle croix se trouvent à tel ou tel endroit. Les croix de carrefour, simples pattes d’oie ou carrefours plus complexes sont souvent, jusque dans les forêts, marquées en leur centre de croix ou de calvaires. Plusieurs raisons ont été trouvées ainsi pour bénir de tels lieux. Le carrefour, » Trivium « en latin, a donné en français le mot » trivial » car les carrefours étaient souvent les emplacements de rendez-vous galants convenus à l’écart de tous lieux habités. Il fallait donc sacraliser ces lieux d’amours de passage et de louches étreintes clandestines.
En outre, les carrefours étaient souvent les lieux de rendez-vous des malandrins de toutes sortes agissant en bandes organisées. Là encore, il fallait placer ces emplacements sous la protection du Christ, tels que les graffitis. La croix de chemin peut soit être élevée pour protéger les récoltes du champ se suivant derrière, soit à indiquer aux pèlerins qu’ils se trouvaient sur la bonne route, soit porter le souvenir des drames. Lorsque ces monuments sont encadrés par 3 ou 4 arbres, ils peuvent être des lieux de halte souvent proches de sources.
2° volet : Ma photothèque + complément.



Croix de bois, croix de fer…


Une histoire qui n’est que la sienne, celle ici localisée dans le paysage conduisant vers Touchay.
C’était le 6 Septembre 2012.

La première repose toujours sur 2, 3 niveaux qui de manière symbolique est liée aux années de ladite
« mission », soit 2 ans pour celle-ci et qui est également accompagnée d’inscription rendant un hommage
missionnaire.

Au passage, attardez-vous devant. Cette croix dressée présente un caractère purement symbolique. Au centre des trois bras figure un lauburu. Autrement dit, la rose des vents, les quatre points cardinaux, les éléments « Air-Feu-Terre-Eau » de la Tradition et qui par ailleurs, n’est pas sans nous rappeler la « Croix basque »
* Celle-ci se situe à l’embranchement de la route venant de la Dép. 951 et du lieu-dit « Les étangs », en direction de Fosse-Nouvelle.


Cette croix aux branches tréflées est ornée d’un cartouche gravé d’une inscription indiquant le nom des commanditaires : « Cette croix a été déposée par E. Desbois et M. Benon le 14 Juin 1894. »


Cette croix est soutenue par un fût hexagonale. L’ensemble, soubassement compris,
semble avoir été sculpté dans un seul et même bloc de pierre. La croix est ornée d’une
simple couronne et de petites volutes. L’extrémité des bras est tréflée.
Une croix a été érigée, comme le rappelle l’inscription gravée, par la famille Détarret, en Avril 1895.

Le matériau utilisé n’est pas courant dans le canton au XIXe siècle, pour ce type de croix. La pierre, plus prestigieuse, ou le bois est davantage utilisé, permettait d’ériger de hautes croix.

Cette croix de carrefour avait autrefois une fonction protectrice. Au Moyen-âge, les carrefours étaient les lieux privilégiés des sorcières et autres esprits malins. Ces légendes sont encore encrées de nous jours, depuis le Berry profond.
La croix de carrefour avait également un rôle indicateur et servait de repère pour les voyageurs. Celle-ci, soutenu par un fût hexagonal.




de scènes bibliques.





en allant sur la commune de Ids-Saint-Roch

de Vornay

jouxte la chapelle





Des légendes, réparties sur tout le territoire de France, existaient autrefois, autour des croix…
En Berry, une coutume voulait que les habitants déposent une petite croix en bois au pied de la croix de carrefour.
Elles croisent le jour et la nuit, les ténèbres, les lunes, le renouvellement des saisons. Elles nous toisent, elles nous voient. Une force incontournable, une présence mystique et parfois fantastique.
À la racine de sa symbolique, la croix fleurit toujours au centre des choses, pour leur donner un sens, une direction, voire une fin. Certaines d’entre elles sont proches de chapelles, comme par exemple à Sainte-Solange. D’autres se dressent au vent d’une campagne, comme le cliché ci-contre. Généralement, le calvaire également illustre le Christ sur la Croix. Toutefois, il peut s’agir d’une simple croix de chemin, ou bien d’un appareil plus significatif et façonné, nommé « croix de mission » : c’est-à-dire que pour chaque étage érigé sur la base, correspond immanquablement une mission accomplie… d’où le nom. Une croix de mission se distingue d’une croix de carrefour de façon évidente.
La première repose toujours sur 2, 3 niveaux qui de manière symbolique est liée aux années de ladite « mission », soit 2 ans pour celle-ci et qui est également accompagnée d’inscription rendant un hommage missionnaire. Au cours de notre cheminement, nous pouvons y rencontrer également une croix païenne qui parfois surprend dans le paysage, là où on ne l’attendait plus. Une croix de l’ombre, une timide par ici ou une émouvante, juste là .
monde vers un autre, d’un état à un autre. En fait, c’est plus prosaïquement que cela servait alors d’indicateurs.

Bonjour. Vos photos sont réellement très jolies pour nous faire découvrir le Berry. J’habite un hameau du côté de Villegenon, dans la campagne, aux environs de ma commune est une croix. Merci !
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Magnifiques photos et grand merci pour votre article. Les croix c’est en fin de XIX, début XXème siècle, époque d’une profonde ferveur religieuse dans les campagnes. J’adore votre site, merci et bel été.
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Merci beaucoup Muriel,
1 pas pour une croix, 3 pour deux ……. pour vous dire que je trouve impossible de les comptabiliser, ces croix dressées à chaque carrefour ou presque. Christianiser les campagnes a été un travail de longue haleine pour ceux qui évangélisaient les villages les plus retirés. Après l’an mil, la pratique très pieuse de notre religion a aidé à l’édification de monuments divers, allant du calvaire à la cathédrale. Je ne sais pas si on doit toutes ces croix plus pour avoir christianiser les campagnes, ou parce que ces campagnes étaient très superstitieuses ? En Brenne, on trouve plus d’étangs que de croix de chemin, sûr!
Amitiés
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