Le puits
Puisatier et Puissier
Architecture
Restauration
Symboliques et croyance populaire
Dans les campagnes, avant la dernière guerre, rares étaient les demeures qui possédaient l’eau courante. Aussi, dans la plupart des foyers, on devait aller chercher l’eau au puits (nommé également « porteur d’eau », « le verse eau ») le plus proche, une corvée pénible, laquelle était souvent réservée aux femmes. En effet, il fallait en déployer des efforts pour remonter les sceaux remplis d’eau accrochés au bout de la chaîne ou de la corde qui s’enroulait autour de la poulie en bois, mue par une manivelle. Pour porter les sceaux d’eau, on s’aidait d’une sorte de joug appuyé sur le cou … Bonjour les cervicales ! En société villageoise et dans les bourgs, ces puits étaient le plus souvent installés aux carrefours ou sur les places. Ailleurs, on les retrouvaient au centre des hameaux, voire à proximité d’un champs.
Selon sa symbolique le puits est à mon sens un symbole de paysage, symbole de force et d’énergie que l’on puise, symbole de chance et n’y vois pas la négativité dans la mesure où placé non loin d’une demeure ou sur la place d’un village, alimentait en eau toute une famille. Beaucoup de ces puits devenus inutiles, ont été laissés à l’abandon, et certains disparaissent sous les herbes folles et les ronces qui les condamnent à brève échéance à la disparition. D’autres, heureusement, demeurent en parfait état, et lorsque ce n’est pas le cas, se voient restaurés par leurs heureux propriétaires car en fait, un puits traduit une puissante symbolique… Saviez-vous par exemple que certains puits à forme carrée, symbolise le paradis. Certains tableaux du début de la Ière Chrétienne représentent d’ailleurs le puits qui se dressait dans le jardin d’Éden et dans lequel quatre fleuves prenaient leur source.
Le puits était associé à une fontaine de jouvence. Nous retrouvons cette idée-là en de nombreuses cultures étrangères : la présence d’un puits véhicule un lieu sacré en psychanalyse et comme cette dame le traduit fort bien, l’image du puits véhicule tant contes que rêves, via des lieux d’accès à des mondes inconnus, souterrains, mystérieux et inconscients que nous pouvons attendre dans notre vie quotidienne.
L’image du puits véhicule également une vertu purificatrice dans la mesure où celle-ci se fait source de vie et que l’Homme y vient pour se ressourcer ou apaiser sa soif de connaissances. Nombreux sont les tableaux représentant la scène de personnes puisant de l’eau. Toutefois, et au même titre que les crucifix, les lavoirs et colombiers, mon but n’a pas été de recenser tous les puits du Berry, attendu qu’il y avait autrefois un puits sur chaque commune, comme les lavoirs par ailleurs.
Symbolique
Du latin puteus, l’inconscient, la symbolique du Puits est aussi profonde que le puits lui-même, j’en apprécie beaucoup tout ce que cette image véhicule de réflexion… Creuser un puits, y faire remonter l’eau, jeter quelque chose dans le puits, qu’il soit en état ou à sec, tous ces symbolismes prennent sens. En fait, le puits emblématise la profondeur, le secret, le secret et la connaissance. Il exprime l’enfouissement des ressources, leur dimension cachée, latente mais toutefois accessible.
Fortement magnifié dans une pensée magico mystique, le puits est un symbole sacré. Ce n’est pas le fruit du hasard si, dans la plupart des abbayes, était tracé le jardin sur plan carré, avec un puits en son centre. Car le puits répond par l’inconscient, et la réponse de nos actes et de nos passions. L’être qui atteint la sagesse est un puits d’où émerge l’inspiration propre à créer à produire l’œuvre, l’art. Il y a aussi le puits de la Connaissance, avec cette belle eau claire à faire remonter dans le « sceau ». Replacé dans son contexte spirituel, le puits évoque l’obligation de creuser, autrement dit, d’aller puiser dans les profondeurs de la terre, mais davantage, dans les profondeurs de soi-même.
Le puits mystique : toute la symbolique d’un cercle inscrit dans un carré, dont ce dernier distribue l’ouverture sur quatre allées (les 4 branches de la croix christique) d’un jardin carré lui aussi et clos.
Croyance populaire
La conduite à son égard se doit d’être respectueuse. Sans compter que le puits à la capacité d’exaucer les vœux de toute personne jetant une pièce dans son eau. En fait, la genèse de cette croyance se situe dans le fait que le puits est considéré comme lieu d’habitation des esprits. Lesquels ont le pouvoir d’entendre et de réaliser les souhaits des vivants. Il est pour cette raison l’objet d’un culte révérencieux.
Dans cette région où l’eau est partout présente, le puits individuel représente le moyen le plus commode d’alimenter habitation, local d’exploitation voire jardins. Une solution d’économie, surtout dans les villages serrés où les communautés d’autrefois consistaient à utiliser un puits commun ou une fontaine établie par la collectivité. L’utilisation des éléments du confort, lorsqu’elle participait au droit commun, imposait des codifications, des contrats : par exemple, une installation commune et un équipement privé appartenant à plusieurs propriétaires terriens. Une installation communautaire ou un équipement collectif qui était géré par la communauté. Malgré quelques variantes, on peut diviser les puits du Berry en deux catégories, soit couverts ou fermés, soit ouverts. Le puits le plus ancien semble être celui à margelle ras du sol sans mécanisme, la traction se faisant via une corde. Les diamètres n’ont guère bougé, sauf cas exceptionnels du XVIIème siècle au XIXème siècle.
Architecture
Selon l’architecture du Berry, il s’agit d’avantage d’un semis de mini-régions et de mini-coutumes. Ainsi, les puits à substructures carrées présentant des dalles calcaires et localisés à Sagonne (Cher). Le puits semi-fermé côté vents dominants reste assez rare, bien que rencontré dans différents secteurs tels que Sancoins (Cher), La Châtre (Indre) et en diverses dates. La datation du puits relève d’une démarche archéologique propre à la méthode du Carbone 14, ainsi qu’une étude des traces d’utilisations pour une bonne part.
En Berry vous découvrirez divers sortes de puits, tels que ceux-ci :
– puits de hameau
– puits commun au centre d’une cour groupant quatre habitation,
– puits commun dans un abri maçonné
– puits commun en niche dans un mur (fin XVIIIème siècle)
– puits individuels avec coque protégeant des vents dominants
– puits jouxtant un abreuvoir
– puits couvert d’un dôme
– puits à roue avec toit en charpente
– puits troglodyte
– puits dit » à chapelle » et assemblé en plein cintre
– puits avec un toit de bâtière (à deux pentes)
– puits à superstructure (blocs monolithes ou métalliques) du XVIIIème siècle, un peu plus tôt que les métairies domestiques.
Votre article est parfait, je retrouve complètement ce que j’aime, merci Muriel.
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