Via la jonction des provinces du Bourbonnais et du Berry, non loin de Saint-Amand-Montrond, empruntant les petites routes de campagne, puis celles ombragées que procure la forêt filant vers Tronçais, j’ai fait par ici une belle promenade à vélo, une fois n’est pas coutume. Après vous avoir proposée la belle et puissante templière érigée à Braize ( I – II ), me voici de retour dans le Bourbonnais frontalier au Berry. Il faut dire que ces églises si particulières transportent dans un autre monde, celui de l’épopée des croisades.
Cette fois, j’étais de retour pour la chapelle de l’ancien prieuré de La Bouteille, où, en forêt domaniale de Tronçais, passe la route du Brethon. Ma seconde visite fut ravissement, je fis la rencontre de personnes du pays avec qui j’ai pu échanger, puis faire quelques visuels triés et ensuite aller à la Font Saint-Mayeul. C’est une fontaine qui se présente à ciel ouvert, comme de nombreux lavoirs construits ainsi. Une promenade tout-à-fait plaisante. De tous temps, les fontaines votives se relièrent au Divin, avant d’être dédiées à un saint patron.

La Bouteille est le nom du cours d’eau passant à proximité du prieuré qui hérita du nom
Au milieu de l’enclave de La Bouteille
Une voie romaine (Drevant-Cordes) traversait cette enclave. De nombreuses sources se trouvent à proximité, certainement vénérées dans l’antiquité, et à la Font du Tonneau se rattache la légende de La Bouteille (je joins le plan à la rando que je fis). Dans son cercle de granites, de porphyres et de roches charbonnières, lieu coupé de ravins sauvages, c’est ici qu’est située la chapelle, de même que la fontaine, à l’extrême Sud de la forêt de Tronçais et à 53 km de Moulins. Isolée, au départ de la place de l’église Saint-Pierre du Brethon, on rejoint la chapelle en suivant la route forestière, celle-ci emprunte la D 110. Comptez à peine 2 km entre l’église et la chapelle Mayeul.
Le clocher-pignon de forme catalane, s’élève au-dessus de l’arc séparant primitivement l’abside de la nef. Du mobilier, il reste une croix processionnelle du XVIIe s.
À l’époque gallo-romaine, « Le Brethon » est le carrefour de plusieurs voies reliant les anciennes provinces de la Gaule. Au Moyen-Âge, les religieux y ont un rôle prédominant et à deux km du bourg, une église est édifiée. Selon les informations recueillies lors de ma visite bis, des personnes rattachées à la Société d’Émulation du Bourbonnais, évoquent l’histoire de la chapelle – d’abord dédiée à Sainte Marie-Madeleine, avant de l’être à Saint-Mayeul, en référence au grand abbé de Cluny qui serait venu y prêcher, décédé à Souvigny, tout près – que ce sont des moines bénédictins de Cluny qui édifièrent au XIIe s. l’église, dont il ne reste aujourd’hui que la chapelle comme unique vestige du prieuré, celui-ci dépendait du Prieuré Saint-Pierre et Saint-Paul de Souvigny, fille aînée de l’abbaye de Cluny, rattaché autrefois au diocèse de Clermont et de Bourges.

Le plus ancien document date de 1189. Il mentionne les droits de pacage dans la forêt de Tronçais, attribués au prieur de La Bouteille. À des époques différentes, les pouillés de Bourges mentionnent un capellanus de la Botelha, un prior de Betolia et un prior de Boteilla (prieur de La Bouteille).

Après de successives destructions à la Révolution, il ne subsista que l’abside, ornée à l’intérieure de peintures murales. Sauvée de l’abandon, la chapelle a été inscrite à l’inventaire complémentaire des Monuments Historiques en 1930. Elle fut cédée sur les instances d’un nommé Jacques Chevalier à la Société d’Emulation du Bourbonnais. Ceci est décrit sur place, selon l’histoire de la chapelle et de que l’on peut y lire.
Une vision apportée par la première photo montre un campanile, y sont logées les cloches. De chaque côté du mur pignon, un escalier donne accès au clocher. C’est d’ici qu’un mur a été rajouté, incluant la porte d’entrée actuelle.
À la Révolution, la chapelle, ses dépendances et ses terres, figurent dans la liste des bien nationaux adjugés à la municipalité de Cérilly (03). En 1851, la chapelle sert de magasin à foin et fait partie de la succession de Nicolas Rambourg, maître des Forges à Tronçais. Acquise par la famille Acola de Vendœuvres, la chapelle passe ensuite dans la possession de Mlle Duchet. Son père, verrier de Montluçon, a ouvert et exploité une mine de charbon sur le plateau de Menesser, au Sud de La Bouteille.
Plan et architecture
Construite sur un terrain légèrement pentu, la chapelle présente un chevet plat. Il est percé de trois fenêtres en plein-cintre dites « ébrasées » d’intérieur et extérieur, chevet plat qui ainsi, évoque une influence cistercienne. Chacune des fenêtres accueille une grisaille, l’influence cistercienne. A droite, le mur a été évidé pour recevoir une double niche servant de tabernacle et de ce que l’on appelle « piscine » employés comme fonts baptismaux (voir mon article).
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La statuette Saint-Mayeul allant avec la tradition conservée d’un pèlerinage, grâce à cette chapelle rendue au culte depuis 1954, pour laquelle une cérémoniale à lieu le premier dimanche d’août.


Puis, des peintures murales.
Elles sont datées du XIII et XIVe s. et recouvrent toute la voûte,
et pas seulement la voûte. Des cœurs de fleurs assez primaires.


Stèle
Sur la place de la Bouteille, vers la chapelle, a été érige une stèle en l’honneur d’aviateurs canadiens. Un avion de la Royal Canadian Air Force s’est abîmé dans le ravin de La Bouteille, lors du bombardement de l’usine Dunlop à Montluçon, le 15 septembre 1943. Huit membres de l’équipage ont survécu, aidés par la population.

La Font Mayeul
Le sentier descend par l’angle droit de l’édifice, et il conduit à une fontaine dont la légende raconte ce qui suit. ‘abbé de Cluny (saint Mayeul) alla en voyage parmi la communauté des moines Bénédictins de La Bouteille. Les moines se plaignaient de devoir aller chercher l’eau au loin. Mayeul les fit creuser à quelques pas en-dessous de la chapelle. Celle-ci existe encore à cet emplacement.
On s’y rendait pour procession autrefois, durant les périodes de sécheresse afin d’obtenir l’intercession du saint pour la pluie tant souhaitée. Le prêtre disait des prières et les fidèles jetaient des cailloux pour faire jaillir l’eau mouillant ses habits. Saint-Mayeul passa probablement dans la contrée, lors de son voyage aux confins de l’Auvergne et du Berry.
Je joins ma randonnée faite à la rubrique des randonnées à vélo, car c’est une très agréable rando et sans difficultés majeures.




Bientôt – Avec quelques mots sur le saint dont la fontaine est dédiée.


Un parcours pour remonter le temps, le temps de remonter jusqu’à la source embellie par une nature bucolique.
Le gros défaut de Marie Madeleine, c’est qu’elle soit inconsolable depuis le départ des bénédictins de saint Mayeul, inconsolable depuis des plombes. Mais concernant le personnage de la statue, qui est-ce ?
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Les moines avaient le don de pouvoir choisir l’emplacement de leur monastère qui leur paraissait harmonieux et l’environnement direct de la nature. Là c’était parfait. L’ancien prieuré bénédictin, car il est encore visible côté abside, est aujourd’hui devenu presque insignifiant et perdu sur sa hauteur rocheuse.
ps: Quand tu le veux, je me ferais un plaisir de te proposer d’u retourner!
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Je connais cette chapelle, je me trouvais à aller à Tronçais pour rejoindre Sologne. Cette chapelle était ouverte. A une époque j’avais trouvé une digue qui serait à l’origine d’un étang qui a appartenu aux moines de la Bouteille.
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Je n’aurais pas pensé à repérer sur la carte ce village Bourbonnais et son église Le Brethon.
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De Saint Amand au bourg du Brethon/ Mayeul/ la Bouteille, cela fait combien de kilomètres s’il te plait Mumu ;-)) ?
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J’ai lu tout et cette chapelle ne manque pas d’intérêt.
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Encore un bel article, comme je l’imaginais.
Merci Muriel!
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Merci de me faire découvrir, bel article 😉
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