° Charenton fait itinérance compostellane : selon La via Lemovicensis – branche nord

Aujourd’hui, nous entrons dans la petite chapelle Notre-Dame de Grâce, attenante à l’ancienne abbaye de Belavaux. Par une époque plus proche à la nôtre, la chapelle fut celle de religieuses bénédictines issues de la congrégation du Très Saint Sacrement et des sœurs de la Charité – Couvent St-Michel à Bourges.
Charenton-du-Cher à 11 km de Saint-Amand-Montrond, se situe sur le Chemin de St-Jacques de Compostelle.
* En 614, Colomban, un moine irlandais, charge Saint-Eustase de fonder trois établissements religieux en Berry : un à Isle-sur-Marmande, un second à Jouy-sur-Aubois et le dernier à Charenton. Ainsi naît l’abbaye de Bellavaux. Au XIIe siècle, une église placée sous le vocable de Notre-Dame. En 1116, chasse les religieuses pour indiscipline, et installe des chanoines dans l’abbaye. Les religieuses reprennent possession des lieux, lors du décès du pape Eugène III et de l’archevêque.
* En 1791, plusieurs religieuses quittèrent l’abbaye à la suite des visites répétées de la commission constituée du maire et d’administrateurs du district, chargés de gérer leurs biens. Un an plus tard, la commission s’empare d’objets précieux de l’abbaye et l’abbesse quitte les lieux.
* Le 27 prairial an IV, soit en 1795, les bâtiments sont vendus comme bien nationaux, lesquels sont livré à la démolition peu de temps après. Charenton devient pendant le haut Moyen-Âge le siège d’un fief dépendant de la seigneurie de Bourbon, tenu par la famille de Déols. Les Déols qui arrivent sur le territoire vers 1005, élèvent une « motte » féodale et un rempart défensif dont quelques vestiges sont encore visibles aujourd’hui. Charenton était bourbonnaise jusqu’en 1790, puis la commune devient berrichonne.

DÉSORMAIS NOTRE-DAME DE GRÂCE
Désormais, sa vocation est d’être un sanctuaire d’accueil pour celles et ceux qui lui rendent visite. Elle n’est pas pour gérer des flux ou pousser le visiteur à hâter son pas. Elle est là pour le prendre dans ses bras. En fait, une invitation à la contemplation dans cette chapelle de taille modeste mais aux fondations ancrées dans la spiritualité du Berry, et dont le regard caresse les étoiles.
Si vous posez votre baluchon par ici, au pied de Notre-Dame de Grâce, une compagne de route, entrez et visitez. Si la porte de la chapelle est fermée, allez jusqu’à la mairie et demandez la clé.

Il s’agit de la chapelle de l’ancien Couvent Notre-Dame. Certainement aurez-vous eu, vous aussi, un coup de foudre pour cet itinérance douce.
Notre-Dame rassemble autant de témoignages à parcourir sur votre étape en Berry Roman. Comme pour l’Abbaye de Déols, j’ai la chance de rencontrer des personnes qui m’adressent leurs documents, au regard des recherches que parfois je fais et qu’elles suivent avec intérêt. Le plan ci-contre est l’un de leurs documents reçus. Je les en remercie chaque fois chaleureusement.

Ici partent les fondations qui en disent long aux spécialistes. Je n’aurais pas manqué de vous solliciter à approcher plus près pour, comme moi, observer.



Comme la course du Soleil, le chemin des hommes pousse vers l’ouest. A l’est sont les origines, à l’ouest, sont l’aventure, le destin, le sens. Le bout du chemin, la « réponse », ici, c’est Charenton. Aussi, nous repartons sur les traces d’une communauté religieuse de femmes, allons marcher dans leurs pas afin de s’imprégner d’une très ancienne vie inscrite au chapitre qu’est celui de l’abbaye de Bellavaux, bien avant d’avoir été immergée dans les silences méditatifs du couvent.

Lors de la célébration de la Nativité de la Vierge Marie, des paroissiens de Charenton se réunissent à la chapelle de Notre-Dame-de-Grâce, afin de relancer l’antique dévotion à celle-ci. Une fête patronale, multiséculaire avait lieu jadis chaque 8 Septembre, jour de la nativité de la Vierge Marie.

On pense que le sanctuaire a été fondé vers 1223 (?) selon les religieuses de la Communauté du Très Saint-Sacrément et de la Charité. Mais en fait, la chapelle qui se visite aujourd’hui (située entre la partie conventuelle de ce qu’était le bâtiment des religieuses et le bâtiment de l’Abbaye de Bellavau) a été réédifiée après la destruction de la chapelle primitive pour cause de tracé de voie Nevers-Angoulême. De Nevers, le grand couvent St-Gildas de l’ordre des bénédictines sœurs de la Charité, leur vocation.
Cette nouvelle chapelle fut érigée par les soins de l’abbé Bazin, prêtre de Charenton qui l’avait acquise sur les bases de l’ancien clocher des dames du couvent. Si les bâtis religieux ont été revendus ils y a quelques années à des particuliers en 2002-2004, le maire de la commune à préempter l’ensemble pour le diviser et ne conserver que la chapelle attenante à l’abbaye placée sous le vocable de « Notre-Dame de la Belle vallée » (Bellevaux).

La fondation de cet ensemble a été attribuée à Saint Chalan : disciple de Saint Sulpice Le Pieux, archevêque de Bourges 624-647, envoyé afin d’établir un monastère pour « les vierges du Christ », vers le XIIème siècle. À cette époque, des moniales y restaurèrent la vie de prière et de contemplation sous la protection Mariale. Les travaux effectués concernant la chapelle en 1989, avec l’accord de Monseigneur André Girard, alors président de la commission d’art sacré du Cher, et sous la conduite de monsieur Jean Dedieu, architecte, conseiller pour l’esthétique, permettront de constater que la statue de Notre-Dame de Grâce est remisée dans ce qui fut le narthex de l’ancienne église abbatiale.

Lorsque nous entrons dans la chapelle actuelle, ce n’est pas sans penser qu’elle subit au cours des ans plusieurs restaurations, dont la dernière semble se situer vers 1903, date à laquelle le bas des murs a été recouvert de ciment gris (se distingue sur les photos que je fis), alors que le haut et deux de ses voûtes étaient enduits de plâtre. Puis en 1989 les murs se décapent, et c’est alors que l’on découvre l’arc de l’entrée principale de l’abbatiale et notamment ses pierres en losanges (voir son symbolisme sacré), arc surmonté d’un Agnus Dei.
Sur la gauche se tenaient les vestiges d’un autre arc, et on aperçoit encore quelques pierres. Mais il a été bouché à une époque et une petite porte a été percée dans ce remplissage. Les deux extrémités du narthex subirent le assauts du feu, pierres rouges, feuilletées, sonores… Les voûtes ne sont pas d’origine et puis le sol a été rehaussé d’au moins 70 cm.
Quant au chevet de l’ancienne abbatiale, il a été dégagé de la terre. Il se trouve à une quarantaine de mètres, dans la cour de la salle Marie Chanfort. Entre les deux, la base des piliers de la voûte de l’abbaye (piliers visibles ou non – soit 2 fois *5), dans le bâtiment qui recouvre l’actuel emplacement. Chose qui m’apparut bien souvent pas si banal que cela.

Bonjour
Merci pour cet article très bien étayé, très intéressant et agréable à découvrir.
Ces chapelles auxquelles on ne prête souvent guère d’attention en passant, qui révèlent si souvent des trésors insoupçonnés!
Bonne journée, à bientôt Muriel !
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Une jolie chapelle que je ne connais pas, merci.
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Muriel, merci pour tous vos articles variés et passionnants!
Je vous souhaite une agréable journée, une bonne fin de semaine!
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Ton article m’a passionné Muriel et ce n’est pas le seul de ton blog que j’ai parcouru. Comme le disent la plupart de tes visiteurs, tu nous offres vraiment de beaux reportages, tu fais un travail super pour la région et tes photos sont sublimes. Je trouve aussi que tu as bien choisi le nom de ton blog, c’est une histoire de cœur et une histoire commune.
Bisous,
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Encore une intéressante évocation pour cette chapelle du Cher, bien écrite, bien illustrée, qui me donne des fourmis dans les jambes!
Merci Muriel pour la diversité, la beauté des photos sur vos promenades.
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