© Muriel Azemard – Prospections – Textes et illustrations.
Bienvenue amis, sur une piste des éléphants en Berry. Patiemment prospectée, puis rédigée au retour de mes itinérances relatives au Berry Roman à vélo, ayant donné lieu, en neuf années consécutives depuis 2011, à plusieurs articles inédits que je vous propose avec un très grand plaisir. Une itinérance tracée quasiment au « radar », et au hasard de mes découvertes et analyses faites par la suite. Une piste des éléphants à laquelle je crois fermement !
Des éléphants en Berry… une piste sérieuse ? La plupart de nos églises romanes berrichonnes vous ouvriront leurs portes, cela est la majorité pour le plaisir de nos amis Jacquaires, touristes et Berrichons bien sûr ! Moins fréquemment, il se peut que vous trouviez sur vos pas des entrées d’édifices qui résistent (indépendamment des Journées Européennes du Patrimoine) . C’est dommage, mais ce cas de figure est très fréquent et pas seulement en Berry. Quoi qu’il en soit – sera – Et si cela était le cas, voici un chapitre du site qui devrait vous intéresser.
Va-t-on voir des éléphants ?
Mystère…
Où pourriez-vous en voir sur vos visites ? On en a tous entendu parler, mais de là à les voir en Berry, voici qui est assez insolite, non ?
Aussi il me faut en premier lieu planter le petit décor qui le fait bien, ainsi, vous saisirez mieux ma démarche initiale. Sur chaque lieu de mes visites, après avoir procédé au contournement d’une église où je prospecte très souvent au pendule, je ne manque jamais de vérifier à la boussole l’orientation d’un édifice, puis d’aller en quête de tout ce qui pourrait me sembler bien peu ordinaire, pour le surligner par après lorsque je rédige des articles. C’est de cette même veine que j’ai retracée pour vous connecter à Berry Au Cœur de France, le chapitre des orientations des églises, des stries, des graffitis… pour ne vous citer que ceux-ci. Et bien sûr, la piste des éléphants… J’aime vous faire découvrir des singularités surprenantes, inattendues au retour de mes pérégrinations, à la fois riches de symboles.
Qui a bien pu leur donner naissance ici ?
La province du Berry, composée des départements du Cher et de l’Indre, dont Bourges qui en est la capitale, puis en ajoutant une partie du Bourbonnais, en réalité, étend bien au-delà du Berry le tracé roman de prédilection à nos chers éléphants. C’est par là que l’on peut ouvrir la fameuse « piste ». Remonter un fil d’Ariane en parallèle des observations que je fis sur place. Soit, un fil remontant jusqu’aux plus anciens pèlerinages. Celui de Compostelle n’est pas le plus ancien. Alors de quel côté commencer à chercher ? Flâner, d’un édifice à l’autre dans l’espérance d’y découvrir globalement une grande tribu, tout au moins, quelques spécimens révélateurs du sujet, lorsque je les replace dans leur contexte. Ce contexte est intrinsèquement lié aux lieux où je les rencontre puis les photographiais. Alors que la sempiternelle question chaque fois tournait en boucle : pourquoi CE lieu, pourquoi ici ?
Tout cela est très Saintongeais, le relais entre l’Aquitaine et le Berry passe par Déols, tiens donc ! Ou plutôt, une preuve supplémentaire, s’il eût fallu. Quoi qu’il en soit, cela renforce mes projets et ma quête à poursuivre ce que j’ai commencé.
On remarque aussi dans la petite chapelle au nord de l’édifice de Saint-Pierre-les-Etieux, deux chapiteaux d’inspiration grecque antique, d’ordre dorique. Autre signature qui nous renvoie à un édifice primitif qui pourrait dater des temps carolingiens. Difficile de conclure, si ce n’est en affirmant que le socle de cette église est très ancien !
Géographiquement, un itinéraire qui, s’il traverse bien le Berry, ne peut que prendre sa source depuis une contrée où il n’est pas rare d’y voir le pachyderme et donc, on penserait à un itinéraire de pèlerinage reliant le Nord-ouest de l’Europe à la Méditerranée, puis qui traverserait le Berry (d’après certains). À réflexion, je ne penserais pas inutile d’approfondir la symbolique de l’éléphant pour tenter de comprendre mieux le lien existant entre l’image et l’itinéraire possible.
« Eléphants en présence »
Quelques rares spécimens au rendez-vous
Des éléphants en Berry, marquant la pierre de leur puissance, c’est jouer l’inédit ! Si vous parlez à un éléphant, une expérience à grande échelle, il sait tout de suite si vous lui voulez du bien ou non. Jeter un éclairage serait de fait bienvenu ici. Que veut-il nous communiquer, l’animal majestueux qui porte une structure sociale patriarcale ? Plus encore, quel symbolisme est mis en exergue au sens de son emplacement, je veux dire là où nous pouvons les observer dans leur environnement immédiat : par exemple, à Vorly, une paire d’éléphants maintenus par leurs trompes. L’éléphant qui possède les plus grandes oreilles, à rapprocher du tympan… vous me suivez ? Cette adaptation explique sans doute pourquoi ce que nous observons depuis l’entrée extérieure de l’église de Bangy-sur-Craon, de Vorly, transmet un message de nature incontournable, avant que nous entrions dans la nef.
Depuis la collégiale de Dun, ainsi qu’à St-Pierre-les-Étieux, ils sont plusieurs depuis les hauteurs du chœur. Bien qu’ayant une symbolique similaire, le message est peut-être différent. La trompe leur sert à se nourrir ainsi qu’à « s’abreuver ». Ils viennent donc « boire », leur principale nécessité devient de fait évidente. Placé dans le chœur, l’éléphant peut aussi bien « boire les paroles » de l’Eucharistie, ou bien quelque chose à entendre depuis le tympan de l’église. Je vous propose à présent ces lieux de découvertes à envisager de votre côté.
Une belle petite église sur la piste des éléphants !


SAINT-PIERRE-LES-ÉTIEUX
Ils trônent (éléphants) en fond de chœur, bien dans l’axe, m’ayant donné du fil à retordre en matière d’interprétation ! Les loutres présentes à l’extérieur, au chevet, signent une filiation évidente avec l’église de Chalivoy-Milon.
Quant à la piste des éléphants, elle est à suivre depuis Vorly via Dun sur Auron, puis Thaumiers.
Quelques années après la première prospection (l’église est le plus souvent fermée à présent), j’ai eu le temps d’y retourner et de les photographier à nouveau, cette fois sans éclairage. Me revoici donc à Saint-Pierre-les Étieux. En fait, il n’est pas du tout impossible de tomber un de ces jours nez à nez avec une voie de pèlerinage bien antérieure à celle de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui alors expliquerait le bien-fondé de telles présences. Le symbole n’a sa raison d’être seulement au sein d’un sanctuaire générant une force en terme géographique, dont le sens « force rayonnante ».

COLLÉGIALE DUN-SUR-AURON

St-Étienne, vaste collégiale d’influence poitevine depuis l’extérieur. Un chœur roman pourvut d’un large déambulatoire, des chapelles rayonnantes, collatéraux depuis la nef, pas de transept. Par contre de jolis chapiteaux dans le chœur !
Seconde découverte. Stationnant au-dessus de l’astragale de l’un des remarquables chapiteaux du chœur, il attendra votre visite.


L’architecture de l’édifice peut être assimilée aux écoles de l’Ouest de la France, avec une élévation de type poitevin, dont la toiture englobe trois nefs. Cette église a été fondée par le chapitre de Saint-Aoustrille de Bourges.
Les deux premières travées occidentales de la nef, sont du début du XIIIe siècle, avec des chapiteaux dits à « crochets ». Selon ma photo, la tour-porche, en façade, a été construite par un maître d’œuvre du nom de Pasquault, et financée par les habitants. Une voûte d’ogives a été ajoutée au XIVe siècle, sur la nef centrale. Aux XVe et XVIe siècles, des pèlerins traversent la ville, et plusieurs chapelles sont édifiées. L’église Saint-Étienne de Dun garde les traces de leur passage.
Ne sont-ils pas explicites ?
Se sont les « Gardiens du Temple »
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L’ultime sujet qui va retenir toute mon attention, est de suivre la « piste des éléphants » et y trouver éventuellement une fontaine celte. Ensuite seulement, Saint-Pierre-aux-Liens, édifice qui serait édifié sur un ancien sanctuaire celte. Ma boussole positionnée bien à plat sur le seuil du portail roman, je relève « 327° » Ouest – Orientation et dédicace.


BENGY-SUR-CRAON
Montre un joli portail roman flanqué de chaque côté d’une arcade. Deux corps pour une seule tête, il n’y a pas plus symbolique que cette sculpture lorsqu’elle se présente. Découvrez-les depuis l’un des chapiteaux extérieurs de l’église de Bengy-sur-Craon. Sculptés au chapiteau droit du portail roman St-Pierre-aux-liens, deux éléphants reliés entre eux par une seule trompe.
Depuis le portail de la très belle église romane de Vorly

VORLY – Église St-Saturnin (Cher)

L’église n’est pas ouverte en permanence.
Selon une légende, le saint aurait été attitré par Saint-Jean le Baptiste, avant de rejoindre les soixante-douze disciples que réunissait le Christ. Des trois autres chapiteaux qui figurent au portail, celui des éléphants est le plus remarquable. La réputation des éléphants en Berry n’est plus à faire ![]()
Je ne trouvais rien au-delà, je veux dire au-dessus de la commune de Vorly. Et si nous nous arrêtions quelques instants à les contempler ceux-ci ! Aussi me vient une réflexion qui consisterait à penser que c’est en leur présence que l’homme sent vraiment qu’il n’a pas de « défenses »… Un parcours initiatique par le biais ésotérique d’une image qui tisserait une histoire.
Cette fois, c’est une seule et même corde re-liant entre eux deux éléphants. L’éléphant est l’animal qui donne la paix et incite l’Homme à tourner sa volonté vers le Spirituel. L’image replacée dans cette symbolique traduit le « dressage » des instincts premiers, la maîtrise de sa force animale domptée au profit de la spiritualité, lors de son incarnation, du cheminement initiatique qui lui est propre.
SAINT-BENOÎT-SUR-LOIRE


En amont d’Orléans, sur la rive droite du fleuve, St-Benoît-sur-Loire, construite comme Chartres sur l’emplacement d’un sanctuaire druidique, a été durant tout le Moyen Âge une des plus puissantes abbayes bénédictines.
On y entre par la Tour-porche, nommée aussi « Porte du Ciel » parce qu’elle évoque la Jérusalem Céleste. Tour-Porche ou Tour Gauzlin, via son sublime ensemble de chapiteaux.
En position de questionnement, voici une photo que je fis d’un des chapiteaux dans l’abside, chapiteau qui me semble montrer du lourd, du costaud… Seraient-là deux éléphants liés par leurs trompes ? On ne distingue pas bien. Oui, sont bien des éléphants reliés par la trompe, sur ce chapiteau. Quelle surprise inouïe m’attendait ! Symboliquement, cela traduit l’unicité, la capacité d’unir deux forces pour n’en faire qu’une seule. Ne dit-on pas que l’union fait la force ? (we à Saint-Benoît-sur-Loire).
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Les animaux qui incarnent une force fraternelle, de sociabilité telle que les éléphants (sens de la tribu), éminemment sociables, qui rendent de fiers services à l’humain qui les emploient, voire même qui les chérissent comme en Inde ou au Tibet, tellement peu commun dans notre région, que j’ai voulu leur consacrer cet article et vous le partager.


Bonjour Muriel
Ça à l’air franchement beau le Berry roman! Merci pour cette riche évocation d’éléphants, thème que ne connaissais pas.
Cordiales pensées.
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Jean-Pierre,
C’est un fait, le Berry Roman, l’Art roman est magnifique, et il s’y trouve parfois, comme ce fut le cas pour les éléphants sculptés, quelques très heureuses surprises.
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Muriel, pourtant le pèlerinage Saint Jacques de Compostelle est ancien selon moi.
Amitiés et longue vie à votre blog 😘
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Merci Clément pour votre visite et ce partage. Saint-Jacques est un pèlerinage qui date en effet, mais il reste toutefois un de ces pèlerinages assez proches de notre époque.
Amitiés, peut-être à bientôt sur le marché de notre ville …
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J’aime venir chez vous lire vos articles. Merci, c’est une
belle visite, de belles découvertes de l’art roman.
Il y a des merveilles sur votre blog!
Cordialement
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Heureuse de lire que cet article vous plaise, cela faisait un bon moment que je pensais à le rédiger.
Cet hiver je pense même à le compléter.
Au plaisir et bienvenue à tous sur le site 😉
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Bonsoir Muriel.
Oui je confirme que vous avez mis dans votre appareil l’iconographie de deux éléphants.
Comme vous l’écrivez, nous observons du costaud et regardez Muriel, l’oeil de l’animal
est bridé, en amande et sa paupière plissée.
Félicitation pour votre blog, un grand merci chère Berrichonne !
Je vous transmet vœux de très bonne santé ainsi que la réussite que vous méritez 😇🙏
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Merci beaucoup Nicolas 😉
J’en avais presque cette conviction… presque.
Bonne continuation !
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J’aime beaucoup la façon dont tu nous interprètes les symboles que tu observes lors de tes visites, Muriel. C’est chez toi chaque fois très profond et on se rend assez vite compte des tes possibilités dans ce domaine. Chez nous, nous avons deux éléphants en sujets de collection et en passant, te dire que nous avons beaucoup aimé te lire.
Gros bis de nous trois, à très bientôt !
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Bonjour Muriel. Merci pour votre édito et les différents articles que je lis sur votre site.
Avez vous fait d’autres découvertes montrant une lignée d’éléphants dans les églises du Berry, vous qui avez fait des recherches et avez étudiée.
Merci d’avance !
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Non, Ronaldo, je crois que la piste des éléphants s résume, pour le Berry, à ce que j’ai ramenais de photos.
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Bonjour Muriel.
J’ai apprécié votre humour, vous faites lien avec un calendrier de l’avent et la piste des éléphants dans votre Berry, j’ai tout simplement adoré découvrir cela dans votre article en attendant Noël:
– Céleste : ouvrage en main. Peut-être même celui évoquant une possible piste des éléphants en Berry
je l’ai trouvé sur cette page là https://miam-berry.com/2021/12/01/en-attendant-lavent-noel
Quelles jolies pages photographiées et le Berry, avec vous Muriel.
Un très grand merci et toutes mes félicitations avec mes bons voeux pour une nouvelle année qui arrive.
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Merci Muriel, si je m’attendais à trouver des éléphants dans les églises, moi!
Belle rentrée à vous et surtout, continuez à penser à nous, votre blog est passionnant,
mit à mes favoris.
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N’est-ce pas Joël ! Des éléphants en Berry, ailleurs que de les trouver à la rigueur dans un zoo…
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Très franchement, un article encore passionnant sous votre plume, Muriel!
J’ai comme l’impression qu’il va me falloir beaucoup de temps pour découvrir dans son entier votre site.
Mille mercis, très belles rencontre je fais chez vous.
Cordialement,
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Bon jour Muriel,
Ton article est passionnant, je l’ai lu et relu, complètement, de l’inédit sur le Berry, BRAVO à toi. Sûr qu’il te passionne ce sujet, cela ne fait aucun doute et je me suis même demandé, à voir la collection dont tu disposes dans la vitrine de ton bureau, si l’éléphant ne serait pas ton animal totem, si tu vois ce à quoi je fais allusion et pour t’avoir appelé autant que cela. En auras-tu 1, de ton choix à publier après mon message ;-))
Amitiés et bravo pour tes sites!
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Sujet qu’on ne peut aborder qu’avec intérêt présenté pour cette piste des éléphants, ils sont en revanche moins nombreux que les églises Saint Roch, qu’en penses-tu?
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Bonjour Muriel,
Vous faites partie de ces chercheurs patients, qui aiment révéler le patrimoine culturel d’une région, votre blog est remarquable.
Un très grand merci de nous montrer de si belles choses, d’écrire autant du Berry, de nous transmettre de superbes photos. Bravo et longue vie à votre merveilleux site noté en adresse pour nos enfants et nos amis.
Encore félicitations à vous chère Berrichonne.
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